Dès mes premiers pas en Sicile j’ai été frappé par les notes intenses et surprenantes que la nature apporte aux lieux. On trouve ici des fleurs colorées toute l’année, des frondaisons qui s’élèvent vers l’infini et des arbres dont la monumentalité rivalise avec les architectures les plus abracadabrantes des palais et des églises.
C’est simple, partout les plantes occupent le terrain. Elles embellissent les balcons baroques et couvrent avec poésie les recoins les plus décrépis telles de joyeuses tapisseries.
Dans le chaos et la chaleur qui règnent sur cette île indisciplinée et ensoleillée, un certain repos d’esprit voire même une forme de méditation s’installent sous les feuilles des arbres. Je vous propose ainsi une flânerie sur plusieurs articles, un itinéraire buissonnier entre Agrigento, Catania et Palermo à la découverte de cet art merveilleux des jardins!
Niché dans un écrin de tuf en plein cœur de la vallée des temples, avec, en effet de plongée, la ligne de la mer infinie, le jardin de la Kolymbetra est l’un des plus anciens au monde en ce qu’il remonte au temps où les Grecs ont colonisé la Sicile. Chaque époque a ensuite laissé son empreinte mais tout semble ici infiniment cohérent preuve que le brassage des cultures est une source d’inventivité et de créativité fonctionnant à merveille.
Pour accéder au vallon verdoyant et gagner les frondaisons, on emprunte un petit sentier qui serpente le long des temples de Castor et Pollux, se poursuit entre les oliviers centenaires et les blocs de pierre pour finalement descendre dans des replis de calcaire creusés par les anciens ruisseaux.
On pénètre alors dans une vallée incroyablement fertile bordée de saqija, ingénieux canaux de terre cuite implantés par les Arabes dans lesquels s’écoule l’eau offrant ainsi une nature musicale à l’ensemble du paysage. Là, flamboient les agrumes de tous types, véritables joyaux du jardin autant pour la rareté des leurs essences que pour leur incroyable beauté: bigaradiers, oranges amères, citronniers, cédratiers, mandariniers, kumquats, chinotto, pamplemousses… Ceux-ci se conjuguent avec des oliviers noueux et heureux, de luxuriants caroubiers, des amandiers et des pistachiers éblouissants de beauté, des plaqueminiers et des grenadiers rougeoyants, des bananiers et des arbres à kiwis dont les lianes retombent sur le sol en draperies, des figuiers enivrants, mais aussi des pruniers exubérants, des arbousiers, des mûriers, des cactus et des figuiers de barbarie.
Au fond du vallon, on découvre un autre type de végétation, aquatique cette fois, avec une plantation de roseaux et des tamaris. Quelle poésie !
Je vous invite vraiment à vous perdre dans ce jardin d’Eden inondé dans un dense maquis méditerranéen. Les essences entêtantes de myrte, de laurier, de térébinthe se rencontrent tout au long du parcours et embaument exerçant un fort pouvoir d’évocation narratif.
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Tags: Jardin, Sicile, Vallée des temples
Amélie Panigai est franco-italienne et a l'audace de se balader à Venise sans carte. Elle collabore avec Ali depuis novembre 2015 en proposant ses idées de visite et shopping dans la Lagune. Le Veneto n'ayant aucun secret pour elle, elle vous embarque également dans le Frioul ou à Trévise.
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