BOBINE
BOBINE #8 La première fois
Salut les adoré(e)s !
Ça m’est venu comme ça, en attendant à l’aéroport de Florence à 6h50 un matin. J’ai écrit ce texte d’une traite dans l’avion. Cette idée des premières fois qui font battre le cœur plus vite, qui marquent un tournant de vie, qui vous demandent un courage que vous ne vous connaissiez pas. Qui vous collent une claque aussi et vous obligent à grandir.
N’oubliez pas de jeter un œil aux questions & ressources disponibles à la fin de l’article, j’essaie de réfléchir à tout cela sérieusement en espérant que vous y trouviez chacun/chacune un petit quelque chose sur lequel rebondir.
La première fois que j’ai mis un pied à Florence
On était fin mars, le ciel était bleu cru sans un nuage. Un pré-printemps divino dans l’air, très peu de touristes (à l’époque on était 50 sur la piazza Duomo et pas 5000 comme aujourd’hui). J’avais un foulard dans les cheveux avec des oiseaux qui me rappellent aujourd’hui le motif Ali di Firenze. Je suis montée tout en haut du campanile et j’ai adoré les collines si proches de la ville, la nature grignotant sa part de paysage à 360*. Puis je suis restée assise longtemps place Santa Maria Novella. Je me demande si je n’ai pas dessiné ? J’observais, j’écoutais les gens parler cette langue d’une beauté qui m’avait tout de suite touchée. Je me rappelle quelqu’un dire « carta di creditooo » (carte de crédit quoi) et j’avais trouvé ça trop beau. Une première fois comme un coup de foudre absolu avec l’essence même de la ville : le bagou des florentins, la beauté à chaque coin de rue, le contact facile avec les gens « oh ciao bella ! », la palette folle de la cité de la Renaissance. Aucun doute, j’étais chez moi.
La première fois où je me suis écoutée
J’ai quitté quelqu’un et j’ai divorcé. J’avais 28 ans. J’ai suivi un truc à l’intérieur de moi (une pulsion, un instinct qui hurlait littéralement, quelque chose aussi de l’ordre de la survie où j’ai compris que j’allais mourir un peu en restant) qui a provoqué un carnage. Depuis, beaucoup de gens autour de moi ont vécu des moments sordides du même genre mais moi, pas de bol, j’étais la première. J’ai culpabilisé très très longtemps, mais je n’ai jamais remis en question ce moment charnière où il a fallu faire un choix, même si c’était dur et moche, et avoir le courage d’enclencher la deuxième. Parce que ça, je m’en suis rendu compte plus tard, il en fallait en fait du courage pour dire la vérité, blesser quelqu’un qu’on a aimé et se choisir. Tout a changé derrière. Mon rapport à l’amour, à l’amitié, à la famille et surtout à ma liberté et à la vie que j’avais envie d’avoir. Ouvrir ses ailes et se péter la gueule au premier vol. Mais s’y remettre et finir par y arriver tant bien que mal (métaphore filée de l’oiseau. Vous suivez?).
La première fois où j’ai vu un psy
Divorcer à 28 ans, perdre plus de la moitié de ses amis, digérer ce qu’on a provoqué et décider de vivre dans un pays qui n’est pas le vôtre, plus longtemps que prévu (de 4 ans à… Forever); il était nécessaire de voir quelqu’un pour m’aider à processer tout ça. C’est grâce à elle, Alessandra, que j’ai réalisé un premier moodboard ultra fort de sens (on y voit déjà l’écriture, Dolce Follia, les femmes, l’importance des racines et de l’entraide). Une béquille fondamentale pour créer le socle solide de ma vie d’après, une vie où j’ai essayé tant bien que mal, de m’interroger plus souvent sur mes émotions, mes envies et mes doutes. Elle m’a suivi 2 ans, j’ai vraiment le souvenir de quelqu’un qui m’a aidée à soigner mes plaies et reprendre confiance en moi. Bizarrement, quand j’ai eu besoin d’y retourner quelques années plus tard, et bien j’ai eu envie de changer. Comme si elle correspondait à un chapitre de ma vie, le post divorce, qui était enfin totalement révolu.
La première fois où je suis devenue mère
L’accouchement ne conditionne pas tout – heureusement – mais cela reste LE moment qui vous lance officiellement dans la maternité. Mon premier accouchement fut assez traumatisant et j’ai mis des années à le reconnaitre et à comprendre la souffrance que j’avais emmagasiné, autant physiquement que psychologiquement. De cette expérience et avec des années de recul, j’ai compris que 1/ je ne m’étais posé aucune question importante par rapport à la maternité avant de tomber enceinte (pourquoi un enfant / impact sur mon quotidien de nouvel entrepreneur / quelle mère ai-je envie d’être). 2/ je n’étais pas armée de connaissances pour faire face en conscience à la machine médicale. Peur de poser des questions, peu d’opportunité de comprendre vraiment les enjeux, peu de dialogue et beaucoup de solitude. 3/ je n’avais pas confiance en moi, j’étais « en réaction » sur tout, jamais moteur de quoi que ce soit. Un pouvoir inexistant que je suis allée chercher en conscience ce coup-ci dans ma 3eme grossesse, 6 ans plus tard.
La première fois que j’ai fugué
Beaucoup d’entre vous ont suivi mes aventures de fugue. Avant de devenir « Les Fugues Italiennes » et de faire fuguer plus de 300 femmes, c’est surtout moi qui ai eu besoin de prendre l’air en solo. C’est finalement très lié au thème de la maternité juste au-dessus. J’avais besoin de respirer, d’être moi sans enfant ni mari, de comprendre ce qui m’animait. Chaque fugue est venue soigner quelque chose et malgré le fait que j’ai fugué dans plein de lieux différents, je garde un lien viscéral avec Venise, lieu de mes premières fugues. Là bas, j’ai arraché mes chaînes en respirant à plein poumon devant des îlots perdus, j’ai pris vraiment conscience de ce qui me provoquait de la joie, j’ai vécu la beauté qui sauve de tout, j’ai rechargé les batteries à coup de morue et d’artichaut. Je continue, 10 ans après ma première fugue, à partir chaque année. La grande différence ? Aujourd’hui, je ne cours plus partout et j’ai compris l’importance du repos. Je suis moins dans l’action, plus dans l’observation de ce qui me traverse et je suis guidée par quelqu’un durant des retraites qui m’aide à réfléchir et avancer.
La première fois que j’ai visité mon chez moi
La recherche de notre maison à Florence nous a pris 3 ans. Avec ma belle-mère, nous allions visiter tout et n’importe quoi dès que nous entendions parler de quelque chose. Cela a donné de nombreuses situations cocasses, des visites de villa-château divisé en 2 et dont la moitié était abandonnée pour des raisons d’héritage et de guerre de famille. Il y a eu des escaliers en marbre en mode Scarface, des piscines totalement illégales, des ranchs où j’étais éblouie par la beauté des lieux mais j’entendais ma belle-mère et mon mari dire « c’est trop petit » « oh oui c’est trop petit » (hello les gars ça fait 250 m2 on devrait survivre). Et puis LA visite. Bizarrement je ne me souviens pas de la vue – un comble – mais d’un immense sentiment de paix, de douceur, de tranquillité. Je me rappelle les volumes, les arches, le vert à toutes les fenêtres. Je n’ai pas vécu un coup de cœur qui vous fait vous rouler par terre, mais un amour simple et profond pour l’âme des lieux. Le genre d’amour qui dure toute une vie.
La première fois où j’ai partagé mon quotidien de travail
Quand Guillaume mon premier collaborateur est arrivé en 2018, tout a changé. Après des années à travailler toute seule, à tâtonner avec différents formats (collab, eshop, event, media…), j’avais enfin quelqu’un avec qui échanger et je me suis rendue compte que tout cela n’était pas si nul, si incohérent, si mal barré. Il y avait de la matière et une vision sur lesquelles construire quelque chose, et surtout, il y avait désormais un enthousiasme commun autour de mon projet. Ce sentiment d’avoir quelqu’un d’autre que vous-même, qui voit la valeur de votre travail et veut le développer avec vous, c’est extraordinaire et cela m’a donné des ailes très longtemps. Encore merci Guigui (puis juste après, merci Émilie qui est restée 5 ans avec moi, Pauline, Manon, Calixte, Laure et Julie !). Il y aura eu beaucoup de milestones importants dans le développement d’Ali di Firenze et ils n’auraient pas eu la même saveur s’ils n’avaient pas été partagés.
La première fois où j’ai compris Forte dei Marmi
Forte dei Marmi pour quelqu’un qui n’a pas les codes c’est incompréhensible. Qui sont ces gens qui mangent des pâtes à 50 balles habillés en Dior ? Pourquoi personne ne se baigne à part les enfants et leurs baby-sitters ? Pourquoi je ne peux pas poser ma serviette où je veux sur la plage et je dois payer un « bagno » ? Pourquoi le moindre resto doit-il être réservé même un lundi soir ? Etc. La liste est longue ! J’y venais un peu contrainte et forcée depuis 3 étés quand nous avons commencé à louer la maison dans laquelle nous sommes maintenant. Une location que nous avions décidé de prendre à l’année et qui nous a permis de venir l’hiver. J’ai cru mourir foudroyée de bonheur en pédalant avec Bianca 1 an installée devant moi, Andrea qui pédalait derrière avec Leone, dans le froid de janvier. Forte c’est ça. La famille, le vélo, le panini aux palourdes, le spritz à Pietrasanta, les gens du bagno qu’on retrouve chaque année, la nonna qui cuisine des vitel tonné, les mêmes amies qui reviennent chaque été, et toutes ces habitudes qui me remplissent le cœur; en Dior ou pas.
La première fois qu’il a fallu s’arrêter
C’est très difficile de comprendre qu’il faut s’arrêter, que ce qui vous remplissait / épanouissait ne suffit plus et qu’il faut tourner une page. J’ai mis 2 années à comprendre que j’avais besoin, mais aussi que je voulais, autre chose. Envie d’un autre quotidien, d’un autre rythme, d’un autre rapport avec ma famille et mes enfants. Ali di Firenze devait, de nouveau, évoluer avec moi. Il m’a fallu vivre la nécessité du changement (le corps qui ne répond plus, l’énergie en berne, comme la créativité moteur de tout ce que je faisais, la joie qui se fait la malle) pour que j’accepte de me poser des questions. Finalement, il a surtout fallu que je me choisisse moi, que j’accepte ça, que ce que j’éprouvais dans ma chair comptait pour de vrai et que je n’avais qu’une vie. Un nouveau saut dans le vide mais accompagnée par l’expérience et par une confiance assez nouvelle. Oui, quand les décisions sont alignées avec la personne que vous voulez devenir, la vie se charge pour vous de créer des opportunités. Me voilà donc de nouveau seule, à écrire chaque jour à ma table de travail, à me challenger. Heureuse comme jamais.
La première fois que j’ai perdu un parent
Je n’ai pas encore les mots pour dire ce que je ressens devant cette absence. Je n’ai qu’une seule certitude, c’est d’avoir vécu une fin avec un mot d’ordre absolu, l’amour. À la fin, il n’y a la place pour rien d’autre. L’amour qu’on a partagé, l’amour infini que l’on ressent et ressentira toujours. Dans cette fin, j’ai grandi et j’ai vécu un cadeau extraordinaire; pouvoir dire au revoir, à 4, dans une chambre d’hôpital que je n’oublierai jamais. Chaque détail, la météo qu’il faisait, la main chaude, les visages du personnel soignant, les textes lus, le poste de radio, mon sudoku. Tout est là en moi, vivant pour toujours.
La première fois où j’ai essayé de vivre en paix avec moi-même
Me voilà à 41 ans, de nouveau en réinvention. Je n’ai jamais vécu « ça », ce sentiment de flottement (pas de vrai boulot à part écrire à mon rythme, des journées très flexibles, du temps pour « glander ») ET de grande sérénité. Je sens que tout est très à sa place, notamment dans mes relations aux autres, certaines relations qui devaient être clarifiées, d’autres arrêtées. J’ai la certitude d’être là où je dois être (la meuf se sent pousser des ailes) tout en ayant conscience des difficultés à venir et du moral en béton armé qu’il va me falloir pour tenir sur la distance. Mais ce qui doit être, sera.
Alors finalement, en finissant d’écrire tout cela, je me demande si vivre des premières fois, ce n’est ce pas vivre un peu tout court ?
À toutes nos premières fois les copains.
Alice
MES QUESTIONS
LA LISTE Il y a clairement une invitation dans cet article à réfléchir à vos premières fois.
Qu’est ce qui vous vient tout de suite en tête ? Quel est le feeling associé ? Personnellement j’ai ressenti beaucoup de tendresse pour ma mini-moi qui s’est foirée un nombre incalculable de fois.
À CHAQUE ÂGE Je crois qu’il y a aussi une question autour des premières fois à vivre à tout âge. À 20, 50, 70 ans, j’espère vivre de nouvelles premières fois (la première fois que je vais faire du Tai-Chi, la première fois que je partirai en fugue mais avec Bianca, …) vous voyez l’idée.
Quelle nouvelle première fois vous souhaitez-vous ?
Je travaille sur ma liste. Et vous ?
MES RESSOURCES
RESSOURCES EN SOI Hyper dur de vous trouver des ressources sur ce thème tant j’ai l’impression que c’est vraiment l’expérience qui prime et le fait d’oser faire / oser changer / oser accepter l’erreur.
Mais je me dis que globalement, il faut travailler sur :
> Sa curiosité
> Son ouverture d’esprit
> Sa confiance en soi
> Son entourage bienveillant
Des ressources internes en somme 🙂 Si vous voyez autre chose, dites le moi et je l’ajouterai bien volontiers à l’article !
Par Ali
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BOBINE
BOBINE #7 Le feu sacré
Conseils pour votre voyage en Italie
24h dans le quartier de San Lorenzo à Florence
Bons baisers de