BOBINE
BOBINE #4 Une fugueuse au repos
Salut les adoré(e)s !
Cette semaine, un petit mot sur les fugues personnelles d’un nouveau genre que j’ai adopté depuis une belle année. Je vous écrivais dans une précédente chronique que cela fait plus de 6 ans que je vous parle du concept de la fugue et en regardant en arrière, je me rends compte à quel point j’aurai grandi accompagnée par cette idée. Mes fugues m’auront soutenue (voir portée) dans mes maternités, dans l’entrepreneuriat, dans la maladie d’un proche, et dans la mort. La vie quoi et ses grands cycles. Je continue à penser qu’à terme, l’objectif est de ne plus en avoir besoin – car j’aurai réussi à atteindre un autre type d’équilibre au quotidien et j’aurai le lifestyle d’Hailey Bieber – mais en attendant, je continue à m’y accrocher comme une moule à son rocher.
Donc je disais, j’ai changé de formule de fugue (spoiler, vous allez voir, clairement je VIEILLIS).
J’ai abandonné la formule city-trip déjanté à aller absorber la beauté à tout va à Venise ou Rome. Pendant des années, c’était vraiment ça qui m’animait, partir de chez moi pour découvrir le monde, me remplir de rencontres, de visages, de couleurs. Au quotidien, j’avais le sentiment d’être bloquée chez moi, avec 1 puis 2 bébés. Beaucoup de frustration accumulée que j’allais soigner sur une gondole.
J’ai retenté cette ancienne formule, un peu sans m’en rendre compte en septembre 2024 (oh des billets de train qui se sont pratiquement pris tout seul !), et une fois arrivée à Venise, je me suis vraiment dit « mais qu’est ce que je fou là ». L’hôtel n’avait pas de zone pour bouquiner, j’étais obligée d’être dans ma chambre ou à l’extérieur. Comme à chaque fois lorsque je panique, et bien je fonce dans le tas.
Le problème ce n’est évidemment pas Venise, ses cichetti à la morue et sa beauté (encore heureux), c’est moi et mes besoins qui évoluent. Je ne suis pas la championne pour bien décrypter ce qui me ferait du bien au moment T, et je me retrouve encore trop souvent dans des situations qui – m’allaient avant mais – ne me vont plus. J’y travaille, il suffit souvent que je prenne un tout petit peu plus de temps au moment de la décision et que j’essaie de ne pas paniquer (voir les questions de l’article 2 qui s’appliquent bien à tout ça).
Heureusement en parallèle, j’ai trouvé mon petit paradis, le Mandali, un centre de retraites spirituelles perché sur la montagne au bord du lac d’Orta (dans la zone des grands lacs au dessus de Milan mais moins connu que le lac de Côme ou le lac Majeur). Rien aux alentours à part la nature et ses chemins magnifiques, et la vue sur le lac qui vous aspire littéralement. Je me retrouve bien souvent à buller 1h entière sur la terrasse vue plongeante, sans avoir vu le temps passé, et DIEU SAIT QU’IL EN FAUT, pour m’arrêter physiquement.
Là haut du coup, j’ai trouvé un lieu qui remplit mes 2 nouveaux objectifs : me reposer et réfléchir.
Le repos c’est pour moi :
- Faire moins de choses (on a un programme dense mais moins énervé qu’un quotidien à la maison. De plus les journées sont répétitives ce qui permet au cerveau de ne pas penser aux détails et d’enchaîner),
- Ralentir la façon dont je bouge (pas de déplacement insensé, on est sur place et si je le souhaite, je ne sors même pas de la propriété),
- Moins communiquer avec les autres (ce silence m’est devenu fondamental. On communique ensemble en « étant/vibrant » lors des méditations et en partageant des moments forts lors de session d’échange sous forme de travaux pratiques. Mais il n’y a aucune discussion « légère » non nécessaire. La dernière fugue était d’ailleurs FULL SILENCE et c’était amusant de me rendre compte que je discutais avec ma bouilloire le matin pour entendre le son de ma voix. BREF).
- M’ennuyer un peu (peut être mes moments prefs, quand je finis par sortir l’aquarelle ou m’étaler sur le lit en étoile de mer),
- M’assoir sur un banc et regarder les arbres (je vous avais prévu pour l’avant-première de la vieillesse),
- Redescendre la pression pour pouvoir mieux accéder à l’étape 2
Car c’est peut être ça le coeur de mon nouveau besoin, avoir quelqu’un qui m’aide à avancer, qui me propose des chemins, qui me laisse faire tout le travail si j’en ai envie, mais pose les questions, ouvre les portes, propose, « et si Alice ? » (le monsieur en question s’appelle Emilio Mercuriali).
Durant les Fugues Italiennes, je n’avais aucune prétention d’animer moi-même un atelier mais je restais le repère des fugueuses, la personne de confiance. Je crois qu’à un moment, moi aussi j’ai eu envie d’avoir ça, quelqu’un ou un projet auquel me raccrocher pour reprendre le fil, ce fameux fil de moi qui me relie à une version de moi-même plus authentique et auquel j’aspire.
Pour finir, j’avais envie de partager avec vous quelques enseignements personnelles de ces retraites. Ils viennent tous pour la plupart des session d’enseignement d’Emilio ou des Self Inquiries (par groupe de 3 et chacun a son tour, nous prenons la parole en solo pendant 20 minutes sur un thème. Ceux qui écoutent n’ont pas le droit de réagir).
- Mon incapacité à vivre la souffrance des autres. Durant un exercice où nous écoutons quelqu’un parler sans pouvoir agir ou répondre, il m’est très difficile de ne pas manifester mon empathie si je sens la personne en détresse ou qu’elle pleure (OR elle n’a pas toujours besoin que quelqu’un se manifeste ou la sauve ou lui fasse un câlin). Ça m’a beaucoup fait réfléchir à mon rôle de fugueuse-en-chef et mes interactions avec des femmes en souffrance.
- Le temps long de la réflexion, le temps court de l’action. J’ai mis beaucoup de temps (des mois, voir presque 2 ans) pour envisager toutes les options qui s’offraient à moi, quand je sentais que j’avais envie d’un autre rythme et un peu d’une nouvelle vie.J’avais peur de beaucoup de choses. Blesser les autres, être incomprise, me rater totalement aussi. Si ce temps de la réflexion a été très long, je me rends compte à quel point j’ai pu activer très rapidement les changements une fois que j’avais réalisé qu’il y avait plusieurs chemins. En avril, après 6 jours passés à travailler sur le thème du courage et de la volonté, j’ai pu – enfin – avancer.
- La conscience des émotions qui me traversent. Si j’étais en résistance lors de la 1ere fugue avec Emilio, depuis le barrage a cédé et je prends tous les enseignements et découvertes avec un peu plus de recul mais surtout de calme et d’ouverture. Il y a vraiment cette idée d’accueillir ce qui vient. Je suis aussi beaucoup plus à l’aise avec le format émotionnel « intense » de ces retraites. La dernière en décembre, juste après le décès de mon père, était étrangement, la plus paisible des 3.
- La méditation dans la création. Si j’adore les méditations guidées d’Emilio, j’ai compris que ma méditation à moi se fait avant tout dans la création. La peinture, le dessin, détourer une image d’aquarelle de bobine sur canva pendant 1h, tout cela m’apporte des bienfaits de calme extraordinaires et doit être cultivé.
- Un monde à moi. Là haut sur ma montagne, je suis souvent dans ma chambre, mon sanctuaire. J’écris, je peins, je bois du thé, je vis à mon rythme, je regarde la montagne et ses couleurs, je réfléchis fort, je me couche tôt. Je suis totalement en lien avec l’intérieur de moi-même et j’oserais dire avec quelque chose qui doit s’approche de l’anima, l’âme (c’est pas trop beau en italien ?). Cela est précieux pour retourner à la vie quotidienne, et tenir serré serré serré le fil de moi.
BREF les gars, j’ai l’impression qu’à ce rythme là, je vais finir dans quelques années dans des cliniques en Suisse à regarder les vaches, faire de la cryothérapie (OUPS, j’en fait déjà mais c’est pour une autre histoire), payer 12.000$ une semaine de tisane sans nourriture solide.
IMPORTANT (pardon c’est long là la chronique!) Je rassure toutes celles qui essaient de caser une fugue dans l’agenda depuis 3 ans … Non je ne fugue pas 3 fois par an depuis toujours, l’année dernière fait office de moment exceptionnel dans ma vie. Je vous encourage toutes vivement à tenter ce temps solo, même 48h, même 24h, même 12h pour souffler, et reprendre de l’énergie. Moi j’ai attendu que la jauge soit vide pour repartir et me poser des questions, erreur stratégique majeure que je ne referai plus.
Fugueusement vôtre les amigos,
Alice
PS : cet article n’est pas sponsorisé par le Mandali, j’ai cassé ma tirelire cochon pour payer chacune de mes retraites. Bisous.
MES QUESTIONS
MA SOLITUDE & MOI. J’ai développé une vraie relation avec la solitude et elle me renvoie souvent à des moments importants de ma vie. J’avais 20 ans et je dessinais le soir dans ma chambre mansardée. J’en ai 10 de plus et je suis dans un appartement toute seule à Florence,comme posée sur les toits, face à mes choix juste après mon divorce. Du coup, est-ce que vous vous entretenez une relation avec la solitude ? Vous l’aimez, vous la détestez, elle vous inspire quoi ? Je crois que juste se poser la question, c’est déjà super.
Concernant plus précisément la fugue, la question de base c’est simplement :
- « Si j’avais 48h devant moi, sans aucune obligation, je ferais quoi ? »
- Si l’idée de fuguer vous paralyse totalement, c’est interessant de comprendre pourquoi. J’aurais vu en 6 ans de Fugues Italiennes beaucoup de cas de figures et c’est déjà se comprendre un peu mieux que de clarifier la source de la paralysie : l’argent (honte de prendre un budget à la famille pour votre propre bien-être, peur que les gens vous jugent d’avoir dépenser de l’argent), un(e) conjoint(e) (peur du moment de l’annonce, peur de sa réaction), les enfants à quitter (vont-ils survivre avec leur père/mère et savoir réchauffer les lasagnes au micro-onde ?), se retrouver seule avec soi-même, peur logistique en voyageant seule, … ? S’interroger sur le concept de la fugue et ce qu’il fait réagir en vous, c’est la Step 1 de n’importe quel projet de fugue solo.
MES RESSOURCES
MON LIVRE. Moment auto-promo mais franchement autant que cela serve ! J’ai dédié un livre entier au thème de la fugue sorti en 2020 aux Editions Leducs pour aider les femmes à sauter le pas tout en respectant leurs timings et leurs envies. L’idée c’est vraiment de créer la fugue la plus personnelle possible, bref une parenthèse qui vous ressemble (aucun intérêt de calquer la fugue de votre cousine Bérangère, votre modèle dans la vie, alors que vous n’aimez pas la montagne en été par exemple). Commander mon livre chez votre libraire préféré ou en ligne ICI.
UNE IMAGE / UN COURT TEXTE. Si lire 300 pages sur le sujet vous fatigue rien que d’en parler, je vous invite à faire un exercice très simple, c’est fermer les yeux et imaginer le plus précisément possible ce à quoi votre fugue idéale pourrait ressembler. Est ce que je vois des cocotiers ? Est ce que je suis en gilet en mouton retourné en Ecosse ? Est ce que je trekke, nage, médite ? Mettre des images sur cette parenthèse pour commencer tout doucement à y rêver. Vous vous voyez uniquement dans un hôtel de la chaîne Four Seasons ? Pas grave, l’idée c’est vraiment de relancer la petite machine à envies ! Et si fermer les yeux vous saoule – dis donc, pas de lecture, pas de visualisation, vous êtes une coriace -, et bien un court texte à écrire en bullet point devrait déjà faire l’affaire. N’oubliez pas, enflammez-vous, voyez les choses en grand (perso, je suis en Inde souvent sur un éléphant) ! On s’occupera de la rationalité plus tard (gérer les enfants et les états d’âme de votre banquier), quand vous serez convaincue qu’il est indispensable de programmer cette fugue dans l’agenda.
Par Ali
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Bons baisers de