Le journal de bord d'Ali di Firenze

Quarantaine #2 La vie est un tableau excel

2ème jour de quarantaine.

C’est la bérézina.

Je fais du yoga dans le salon avec mon App, mon chien me lèche frénétiquement les orteils, les enfants sont hystériques de bonheur de pouvoir jouer jouer jouerrrrrrrrr, à 11h30, tendre époux est toujours en calbute.

Il faut dire qu’il s’est collé une sacrée mission, il a décidé de « structurer nos journées » ce qui comprend une mission en 2 volets:

1/ ranger avec toute l’attention possible le placard des travaux manuels des enfants en inversant le placard d’alcool (situé au niveau du sol) et le placard des gommettes (situé en hauteur). Il faut bien dire que cela n’avait aucun sens que l’alcool soit à disposition des enfants pendant que nous seuls, les adultes, avions accès aux crayons de couleur. Bref.

2/ la création d’un fichier excel donnant le tempo de la journée. Heure à heure, voir demi-heure à demi-heure, la famille Marchi va marcher à la baguette. Attention, tendre époux, ce génie, a pensé à tout, y compris l’éveil musculaire de 7h30 à 8h, comprenez maman fait son yoga, papa fait la planche. Le sport c’est important chez les Marchi. S’en suivront des tranches d’activité d’1h30 pour Leone en suivant les instructions envoyées en PDF par l’école (exercices d’algèbre, dessins structurés, …les maitresses sont formidables) puis 1h de balade imposée dans la nature ou, au choix, d’activité ludique dans le jardin. À nous les parcours fléchés, la course en sac.

Pas de dessin animé au programme donc. Je fatigue à l’avance.

Plus tard dans l’après-midi, une idée saugrenue me vient en tête, je réfléchis à l’éventualité de m’accoupler avec mon mari. En temps « normal » la quantité monstrueuse de choses qui me passent par la tête pour le travail, m’empêcheraient presque d’avoir la disponibilité mentale pour ce sujet. Il aura fallu un virus et une quarantaine pour voir ma libido décoller. Par contre, il va falloir feinter les enfants et j’allume un épisode de « Chip et Patato » totalement hors-programme. Mais là bizarrement, tendre époux ne trouve rien à redire.

Le soir, je prépare un risotto aux brocolis et blêmis à la dernière étape. Il ne reste plus qu’un morceau minuscule de parmesan au frigo et Andrea n’a pas eu la jugeote d’en acheter 4 d’avance « just in case » ! D’un coup, je vois ma vie défiler au ralenti et tente d’imaginer un quotidien sans parmesan si jamais le supermarché a été totalement dévalisé. Pire, comment l’annoncer aux enfants ? Eux qui suçotent ce précieux fromage après l’avoir trempé dans le yaourt (Bianca fait ça, c’est immonde).

3ème jour.

Le réveil sonne à 7h30, raccord au tableau excel.

Tendre époux saute du lit et part faire ses genoux flexions. Impossible de me lever et je me demande si ce whisky Ecossais but à petite gorgée devant un épisode de « The Crown » y est pour quelque chose. Et oui le soir, on a 2 petites heures de relax, on lâche les ballons et essayons d’en profiter un peu.

Après avoir pris le petit déjeuner, mon fils Leone monte dans sa chambre et prend l’initiative de s’habiller tout seul comme un grand. Il a presque 5 ans mais nous supplie en général de l’aider pour tout. L’indépendance pointerait-elle le bout de son nez en quarantaine ? J’adore l’idée et l’imagine déjà « faire son lit », un rêve qui me semblait encore inaccessible il y a peu.

11h. C’est mon créneau qui démarre (cf l’Excel de tendre époux) et nous voilà à peaufiner notre concept de pop up restaurant avec le design du menu. On coupe, on colle, on médite aux typographies … puis on installe fièrement notre prototype dans le resto. Plusieurs lecteurs sur instagram veulent booker une table avant l’ouverture, ça sent le succès à plein nez.

Le temps aujourd’hui est immonde, il pleuviotte et nous ne pouvons pas jouer longtemps dans le jardin. Je peux vous dire qu’enfermer à la maison ce n’est pas la même quarantaine, même si elle est grande (je pense déjà à mes amies parisiennes  qui vont y passer dans leur plus petit logement <3). En regardant par la fenêtre, je prie Jesus, Marie, Joseph pour que le temps s’améliore vite… Pour nous occuper, je redouble d’originalité et décide d’improviser un apéro avant le déjeuner. Nous voilà à dévorer nos mini pizzas qui sortent croustillantes du four, un régal. De son côté à Vérone, ma fugueuse Armelle Gréhan me whatsappe qu’elle s’est lancée dans la préparation d’un plat à cuisson très lente … chacune ses techniques pour occuper le temps (mais la cuisine en Italie est toujours une bonne idée).

Mon amie Lise Huret, reine des travaux manuelles (elle a transformé un carton en office postal il y a 5 ans pour son fils et je m’en souviens encore) me propose d’investir dans un pistolet à colle pour créer un immeuble pour les playmobils dans un grand carton rectangulaire. Je crie au génie et commande un modèle sur Saint Amazon.

Le soir avant de me couchant, je suis plongée dans « Flâneuse« , un livre qu’une fugueuse adorée (et très bien attentionnée), Elise, m’a envoyée. Être à Manhattan avec le personnage me crée un pincement au coeur. Pourrais je un jour voyager de nouveau ? Retrouver cette légèreté d’esprit, cette découverte « innocente » d’autres territoires ? La quarantaine remet en perspective bien plus que le quotidien et le travail, mais aussi le côté escompté de tous nos loisirs.

4ème jour.

En me levant, je partage sur instagram une carte postale que mes parents m’ont envoyé pour mon anniversaire (le 4) et qui arrive avec un peu de retard. Quel bonheur de trouver un autre format de « pensées » dans la boite aux lettres. Voir leurs écritures, reconnaitre leurs majuscules dès l’enveloppe, tout cela me serre le coeur. Un petit bout d’humanité.

À 9h, ma prof de Yoga Shari nous invite pour une leçon sur Hangout avec mon groupe adoré ! Betty, Alexandra, Sofia, Caitlin, … Voir leurs visages et entendre leur voix me fait un bien fou et j’ai les larmes aux yeux devant cette pratique « commune » improvisée. Ma sororité au quotidien ce sont elles. Je prends aussi conscience de quelque chose, j’ai beaucoup de chance d’être à domicile avec mon amour et mes enfants, certaines personnes passeront cette quarantaine plus isolées que jamais. Je réfléchis à improviser un projet qui puisse soulager cela… je vous en parle bientôt.

Le tableau excel de tendre époux devient vite une bénédiction. Après le yoga, c’est moi qui attaque mon heure avec les enfants et on part récolter des fleurs et des feuilles dans le jardin pour décorer les « serviettes » de notre pop up restaurant. C’est merveilleux de voir les enfants aussi attentifs quand vous prenez le temps de leur dédier votre attention. Ils m’écoutent, me suivent à la trace. Cela dure peut être 22 minutes, mais dieu qu’ils ont été parfaits ! Ensuite c’est la grande partie de foot quotidienne puis on file déjeuner.

OUF, la mère d’Andrea, belle-maman adorée, a déposé sur le pas de la porte la veille au soir un « sugo », une sauce divine pour les pâtes ainsi que des boulettes. Que c’est bon de manger un plat réconfortant et de retrouver un goût qui me rappelle les moments en famille. Nous n’avons pas pu l’embrasser, et elle n’a pas vu les enfants, car les personnes plus âgées sont les plus fragilisées durant cette période de virus.

L’après-midi nous partons en balade sur les collines et profitons de chaque nouvelle vision pour nous émerveiller autant que possible. Un jardin que l’on devine derrière un portail entre-ouvert, une céramique de Della Robbia jamais repérée au premier étage d’une belle villa, la nature qui éclot chaque jour un peu plus. On respire à pleins poumons.

18h, Florence fait un appel à la solidarité en musique, tout le monde est invité à venir faire du bruit au balcon avec un instrument ou une casserole ! Je me plante sur mon balcon avec ma flute traversière, je n’en ai pas joué depuis des siècles, je suis rouillée, mais les doigts savent aller se positionner tout seuls. Pensées pour ma soeur qui m’accompagner toujours au piano (#SaintVallierSerenade).

Il est 20h, Andrea part faire les courses… que pourra t’il ramener ? Nous ne savons pas le prédire. Mais hier il y avait 50 minutes de queue en journée au supermarché, on a préféré sauter notre tour et aller se ravitailler chez les mini commerçants de notre quartier chez qui on a trouvé l’essentiel (Parmesan – OK !).

On est encore loin des tickets de rationnement, que tout le monde se rassure.

Baci,

Alice

Par Ali

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