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Atelier Terre, une nouvelle vision de la marqueterie de pierres dures
Dans un atelier caché tout au bout du quartier de San Frediano, un duo de jeunes artisans réinterprète avec malice et talent les règles traditionnelles d’un artisanat florentin de haute volée : la marqueterie de pierres dures. Quand tradition rime avec innovation.
L’HISTOIRE DE L’ATELIER
Derrière Atelier Terre se cachent 2 jeunes Italiens, Arianne Palla et Philip Kron Morelli, qui se rencontrent à l’école de l’Opificio delle Pietre Dure à Florence, où ils suivent une formation de conservateurs-restaurateurs et sont initiés au métier de commesso in pietre dure, la marqueterie de pierres dures ou semi-précieuses. Cette technique (sur laquelle nous reviendrons), développée à Florence à l’époque des Médicis, est restée tout à fait unique et fortement liée à son territoire.
À l’issue de leur formation, Arianne et Philip commencent à pratiquer en tant que restaurateurs, notamment au sein de l’Opificio, mais Philip décide rapidement de s’aménager un studio dans lequel il pourra explorer librement les possibilités de cette technique, se consacrant alors à la création de pièces plutôt qu’à leur restauration. C’est ainsi qu’Atelier Terre voit le jour. Arianne, partageant sa passion et sa curiosité, le rejoint.
Ils commencent alors à créer des objets uniques, flirtant avec la décoration d’intérieur et la bijouterie, puisant leur inspiration dans l’esthétique intrinsèque des minéraux et le caractère immuable de ce matériau. Quand on leur demande de définir leur travail, ils répondent que “c’est un peu comme redevenir un enfant et jouer à reconnaître des animaux ou des objets en forme de nuages, seulement maintenant nous le faisons avec des pierres semi-précieuses et pour transformer quelque chose d’éphémère comme une idée ou un souvenir en quelque chose de visible, matériel, durable dans le temps”.
LA TECHNIQUE
La première étape du travail, qui compte beaucoup pour Arianne et Philip, est de rechercher et choisir les pierres. Contrairement à beaucoup de marqueteurs de pierre dure qui reproduisent un motif, un dessin ou une composition préexistante, pour Atelier Terre, au départ, il n’y a pas d’image préconçue de l’œuvre finie. Ils commencent par se tourner vers la matière première, les pierres elles-mêmes, pour guider leurs associations au sein de ce réservoir infini de formes. Ce n’est qu’après le choix des pierres qu’ils esquissent un premier dessin sur lequel ils se baseront.
Une fois soigneusement observées et étudiées, les roches sont lentement découpées en fines tranches (environ 2-3 mm d’épaisseur) de forme et dimensions variables selon les nuances des pierres et le dessin à composer. Ils passent ensuite à la taille. Les sections individuelles sont coupées à la main à l’aide d’un arc en bois traditionnel avec du fil de fer trempé dans l’émeri (abrasif fait d’une roche réduite en poudre), puis limées et collées ensemble avec une colle naturelle à base de cire d’abeille et de colophane.
La phase de l’assemblage demande une grande finesse pour créer des motifs. Une fois entièrement assemblée, la composition est appuyée sur un support métallique ou minéral et amenée à un polissage impeccable. Il s’agit d’un polissage à la main avec des émeris à grains différents jusqu’à l’obtention d’un effet « miroir », qui rehausse les tons et les nuances des pierres.
Arianne et Philip aiment dire que leurs œuvres “mettent en valeur les nuances et les figures exquises de la nature dans un effort sans compromis vers la perfection technique”. Vous l’aurez compris, toutes leurs pièces sont créées individuellement à la main, en utilisant des outils et des matériaux traditionnels. Ils ont la volonté de maintenir le même souci du détail tout au long du processus, depuis les phases initiales de collecte et sélection des pierres jusqu’au polissage final de l’assemblage. Il s’agit d’un travail demandant une grande persévérance et une infinie patience.
LE SAVIEZ-VOUS ?
La pietra dura, pierre dure, est un type de pierre qui ne peut pas être travaillé avec des outils en fer, au contraire par exemple du marbre, une pierre calcaire qui est considérée comme molle. Sur une pierre dure, comme l’agate, le calcédoine ou le jaspe par exemple, le fer casserait tout simplement. Pour cette raison, les pierres dures ou semi-précieuses doivent être taillées par abrasion, comme nous l’avons vu ci-dessus, avec des outils diamantés ou des matériaux encore plus durs, d’où l’utilisation de l’émeri.
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Crédits photos : Nicolo Panzeri
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Par Emilie Nahon
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