Le journal de bord d'Ali di Firenze
Quarantaine #3 Coincée au paradis
Ça y est. La France est confinée, la nouvelle m’a fait l’office d’un coup de massue. De notre côté de la frontière, nous sommes à pratiquement 2 semaines de quarantaine déjà, et nous voilà installés dans un train-train sur lequel j’ai du mal à mettre des sentiments. Suis-je en train de mourir à petit feu ou bien de me rouler « dans le rien » en y prenant déjà un certain plaisir ?
Jour 7
Comment travailler quand nous ne savons pas de ce que demain sera fait ? D’ailleurs, ce mot « demain » m’exaspère, on est plus que jamais tourné vers « aujourd’hui » chez les Marchi. Nous réussissons tant bien que mal à travailler-bidouiller à tour de rôle 1h le matin, puis 2h l’après-midi. Un rythme que l’on essaie de maintenir du lundi au vendredi pour avoir du temps chacun de son côté. Pour moi, impossible de mettre un pied au bureau, la joie a déserté. Je préfère écrire des conneries dans la salle à manger entourée par les jouets des enfants. D’ailleurs une connerie en amène une autre et c’est l’escalade avec un live en smoking pour la préparation du risotto puis bientôt un live avec « ma belle mère » pour la carbo d’Andrea.
15h. Un moment de quarantaine restera gravé dans nos mémoires : Leone se lance seul sur son vélo sans petites roulettes devant les yeux émus de ses parents. J’avais eu du mal à imaginer des effets positifs de la quarantaine, mais ils s’imposent rapidement = je passe des moments géniaux avec mes enfants car le stress a quitté mon corps. Je ne dis plus « attends » toutes les trois secondes la tête dans mon téléphone, je me contente de lire avec patience pour la 15ème fois le même livre si cela fait plaisir à ma fille. Tout est d’une certaine manière, plus simple.
La quarantaine de la France est annoncée, je suis prise de panique et je flanche. Une journée entière à pleurer sans pouvoir m’arrêter, prise à la gorge en apprenant le décès de quelqu’un que je ne connais pas, ou les problèmes d’une famille à être réunie. J’ai vécu par transfert la tristesse et la difficulté des autres. J’ai laissé mon chagrin avoir une voix. Le soir déjà, ça va mieux et je me promets de créer de nouveaux rendez-vous sur les réseaux sociaux pour faire marrer les gens, il n’y a que ça qui me fait tenir.
Il faut dire que plus de fugue, plus de livre (les imprimeries sont fermées, difficile de donner une date précise mais la maison d’Edition me parle d’un lancement en septembre… ). Bref ça pourrait vite être la grosse déprime. Pour compenser, j’ai besoin de créer de la valeur, de me sentir utile. Distiller de l’ « Italian Joie de Vivre ! » fait partie de ma mission et je m’y attèle avec obstination.
Jour 9
Avec Emilie ma collaboratrice (elle est chez elle au chaud en Belgique), nous travaillons à distance et avons trouvé un rythme. Le contenu de mon site – art de vivre et voyage à l’italienne – n’a plus de sens pour moi en ce moment et nous inventons des contenus liés à l’Italie et qui fassent du bien en période de Quarantaine. Un article beauté DIY donné par mon gourou de la peau Roberto Bonfanti, des conseils « Italian Joie de Vivre! » à distiller dans sa journée … Je ne « force » rien, je laisse les idées naturelles arriver et me concentre uniquement sur ce qui me fait vraiment plaisir.
20h30. Après avoir couché les enfants, je me concentre chaque soir sur le projet Carte Postale. Plus de 150 cartes déjà parties dans toute l’Europe ! Pour participer, il suffit de m’envoyer votre adresse postale à [email protected] et je vous envoie une adresse à laquelle écrire un mot. Un petit bout d’humanité à offrir à une ou un inconnu et vice-versa.
Cela fait 2 ans déjà que j’ai un projet de livre (qui n’a rien à voir avec la fugue) qui me taraude, c’est ce projet-là qui vient toquer à ma porte interne en ce moment. On le sait, les choses arrivent quand elles doivent arriver et je laisser remonter à la surface les idées, les vérités qui me touchent et me font envie. Finalement une ouverture des vannes internes, comme en fugue …
14h. Tiens, aujourd’hui j’ai mis du blush. Une coquetterie qui vaut la peine qu’on la remarque après 10 jours avec une tête de bucheron.
ÇA Y EST. Les enfants ont suffisamment joué dans le jardin avec nous les parents pour avoir pris leurs marques et repérés 100 choses à faire (arroser, cueillir, monter une tente, un circuit,…) ils deviennent terriblement indépendants et je peux lire un livre 2 longues heures au soleil. J’ai attaqué « La voix des vagues » de Jackie Copleton dont l’action se situe au Japon et chaque chapitre est ponctué d’une explication d’un mot-concept japonais. Saachi qui régit les rapports entre les individus, ai-ai-gasa geste amoureux les jours de pluie … je m’approprie un japon infiniment poétique. C’est le pays que mon mari rêve de découvrir, finalement, pourquoi pas ?
19h. Réunion Zoom avec ma sœur et des copines, Litron de spritz, qu’est ce que cela fait du bien.
Andrea est de corvée scolaire (#pardon) et se doit de faire vivre à Leone un « grand moment » de découverte musicale avec les 4 saisons de Vivaldi à plein tube. Leone doit décrire ses sentiments (rien de transcendant apparemment). Tendre époux est plus à l’aise avec les exos de Math que les envolées au violon et je vole à sa rescousse !
11h30. Je me rends compte que si je ne mets aucun bijou, je ne peux pas m’empêcher d’enfiler ma montre tous les matins. Le tableau Excel, les moments répétitifs qui rythment le nouveau quotidien m’aident à tenir, à rester positive. Chaque heure continue de compter et je ne prie pas pour que les jours passent plus vite. Encore une fois, « aujourd’hui » est plus important que « demain ».
Apparemment on va perdre 10 degrés dès demain et on va moins rire si les enfants doivent rester à l’intérieur… Peut-être l’occasion d’inventer d’autres activités car il y a pleins de choses que nous « n’avons pas le temps de faire ». Un comble. Ranger la cave, mettre les cadres aux murs, décorer le bureau d’Andrea, … La creativité de cette famille n’a plus de limite.
Baci,
Alice
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Par Ali
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