Interview
INTERVIEW, Brad Brubaker, directeur de la galerie Accesso à Pietrasanta
Aujourd’hui je vous emmène avec moi à Pietrasanta. Avec des artistes qui y font des retraites créatives, ses galeries d’art contemporain et ses expositions publiques qui créent l’événement dans la région ; ce village situé à quelques minutes de Forte dei Marmi est une véritable ruche artistique. Y faire un saut fait partie de ma routine estivale, quand la farniente à la mer ne me suffit plus et que j’ai envie de diner à la fraîche et d’ouvrir grand les yeux dans les ruelles. Pour plonger avec moi dans l’état d’esprit du village, j’ai rencontré Brad Brubaker fondateur et directeur de la galerie Accesso. Située sur la via del Marzocco, elle est reconnaissable entre mille avec sa couleur verte pétante si surprenante. Elle s’est faite en seulement quelques années une place à part dans le cœur des collectionneurs qui y passent régulièrement voir les nouveaux artistes dénichés par Brad. Rencontre.
Bonjour Brad ! racontes-nous l’aventure de cette galerie.
Je suis américain, j’ai vécu à Londres puis à Florence avant d’atterrir ici un peu par hasard. Pour tout te dire, la galerie n’a jamais été un but en soi car j’ai toujours aimé chercher des œuvres pour notre propre collection personnelle (avec Paul Feakes co-fondateur des lieux et nouveau directeur du Gucci Museo de Florence) mais je n’avais jamais pensé le faire de manière professionnelle. Nous avons visité le village avec des amis il y a quelques années, et j’ai vraiment eu un coup de cœur pour l’état d’esprit qui flotte ici, les ruelles, l’art, les espaces. En 2011, poussé par Paul, nous avons décidé de tenter le coup avec une galerie « Pop Up » pour quelques mois durant l’été. Dès le premier départ, nous avons eu de très bons contacts avec d’importants collectionneurs.
As-tu un background artistique ?
J’ai fait des études « pour moi » de dessin à Londres et je dois dire que cela me sert pour évaluer les artistes, apprécier certains travaux.
Comment vous séparez-vous les taches avec Paul ?
Naturellement c’est moi qui m’occupe de la partie artistique, de la recherche de nouveaux talents. C’est vraiment un travail que je fais tout au long de l’année en me déplaçant également à l’étranger pour rencontrer les artistes. Paul fourmille d’idées ! C’est lui qui a lancé l’idée de la galerie temporaire la première année et il est très bon pour la partie RP, le réseau.
Comment fonctionnes-tu pour choisir les artistes que tu représentes ?
Je marche vraiment à l’instinct. Le fait de ne pas avoir eu de galerie avant m’oblige à avoir confiance en mes propres goûts, à inventer mon propre système. Ce qui est sûr c’est que je dois vraiment aimer les œuvres pour être capable de les vendre ! Il est également fondamental d’apprendre à dire non quand on ne « sent » pas un artiste, même quand on débute.
Te souviens-tu du premier artiste qui a intégré ta galerie ?
Oui bien sûr, Peter Simon Mühlhäußer. Un jeune artiste Allemand repéré à New-York il y a quelques années quand il étudiait à la New York Academy of Art. Maintenant c’est vraiment un artiste reconnu internationalement, il a par exemple participé à la Biennale de Venise en 2013.
Quand tu as ouvert la saison en mai cette année, combien de nouveaux artistes as-tu présenté ?
Henri Deparade, Soren Martinsen, Jiannan Wu, Alex Rane … Il y en avait 4 ce qui est beaucoup. Nous avons également organisé un Sculpture Show, une exposition se focalisant sur la matière sculptée, un parti pris fort et vraiment original. Notre amie Eileen Guggenheim (présidente de la New York Academy of Art et proche du duo) est venue et nous a dit que nous étions fous ! Mais cela a très bien marché et nous avons vendu. J’aime ce dialogue entre les arts et ne pas me « limiter » à un seul support. Les collectionneurs sont ouverts à toute sorte de propositions y compris la sculpture.
Quel rapport entretiens-tu avec Pietrasanta la ville ?
Après les Etats-Unis, Londres, si on m’avait dit que je serais venu vivre dans un petit village…! Mais il faut croire que la ville me convient maintenant, dans une période très spéciale de ma vie. J’aime d’abord qu’il y ait des connections avec l’art partout. Avec les caves de marbre de Carrare situées à quelques kilomètres, le village a bien sûr attiré en premier lieu les sculpteurs, comme Henri Moore dans les années 50. Puis ce fut le tour des galeristes de s’approprier la ville. Depuis 10 ans c’est vraiment le boom. Enfin c’est un pur bonheur de tout faire à pied, d’habiter à une minute montre en main de la galerie, de connaître tous les commerçants !
Peux-tu nous dire quelques mots sur l’artiste que tu exposes en ce moment dans la galerie ?
Il s’agit de Sabatino Cersosimo. C’est un artiste de Turin que je connais depuis des années, la collaboration a pris du temps puisque nous nous sommes revus à Berlin et nous y voilà enfin ! Il crée un contraste entre de très beaux corps et visages peints à l’huile et des parties comme les cheveux ou des ombres oxydés sur l’acier. Il travaille sur une opposition de matériels très intéressante car elle n’est pas gratuite, ce que je reproche souvent à des artistes qui créent des effets pour créer des effets, sans réel concept créatif. Et puis il y a tellement de détails : les double-bagues, l’expression dans les regards, la douceur des corps …
Certains détails comme les pieds me font penser à Egon Schiele !
Oui, on me l’a déjà dit. Il y a une vraie force dans ce travail.
Je ne vais pas te cacher que je suis très étonnée par la couleur verte de ta galerie.
Tu n’es pas la seule ! Mais tu serais surprise de voir à quel point ce fond matche vraiment bien avec bon nombre d’artistes ! Il fonctionne particulièrement la nuit car il illumine les œuvres et pas l’espace.
Peux-tu me donner quelques adresses que tu chéris dans le coin ?
C’est assez facile, mais je vais souvent déjeuner chez Marzocco, la porte à côté … L’univers est fun et la nourriture délicieuse. Quand nous avons des clients qui sont en ville et nous souhaitons les surprendre, direction Osteria La Candalla dans les montagnes derrière Camaiore. C’est un lieu improbable, avec des petites terrasses, un cour d’eau, des DJ sets, une inspiration un peu thaïlandaise. Enfin, le bagno Vittoria à Forte dei Marmi est ma bulle de respiration, un vrai paradis.
Merci Brad !
Informations :
ACCESSO GALLERIA
+39 340 410 4004
[email protected]
[email protected]
via del marzocco, 68-70
55045 pietrasanta (lucca) / italia
http://www.accessogalleria.com/
Par Ali
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