Le journal de bord d'Ali di Firenze

Quarantaine #6 L’art du Dolce Far Niente (bye bye le confinement)

C’est en regardant la France se déconfiner que je me rends compte que je le suis – partiellement – depuis dix jours. Car depuis début mai, en Italie nous avons le droit de circuler dans la région pour aller voir la famille proche (les rassemblements sont interdits, pas possible de faire encore un barbecue entre copains).

Fondamentalement depuis, rien n’a changé, et tout a changé.

 

Je suis toujours terrée à la maison en famille, Andrea sort faire les courses une fois par semaine. Comme je travaille à la maison, je n’ai aucune raison pour aller dehors si ce n’est l’envie, ou plutôt la curiosité, de voir la vie de la ville s’éveiller à nouveau. Mon amie Georgette Jupe parle du marché de Sant’ Ambrogio qui s’est adapté, du café à emporter avec budino di riso qu’elle peut enfin retrouver dans une adresse du quartier qu’elle adore. J’ai l’impression qu’on parle d’une situation sur la planète Mars, et pas d’un quartier qui est à 1 km à vol d’oiseau. C’est sûrement la vie à la campagne qui nous éloigne de l’effervescence de la ville, qui nous fait passer à côté de tout cela. 

Par deux fois, nous avons délibérément organisé une sortie avec tendre époux, « comme ça, pour aller voir ». Quand les enfants vont dormir chez belle-maman, nous allons marcher. MARCHER. Enfiler un legging de sport, sentir ses cuisses s’activer, fatiguer après l’effort, mettre des chaussures qui pour une fois sont utiles. Il y a 10 jours, nous sommes partis de chez nous à Pian dei Giullari pour descendre à San Niccolo, au Piazzale Michelangelo. Un cadeau. Première aventure, passer « le point de non-retour » la limite maximale de nos sorties avec Leone et Bianca juste à côté de la maison durant le confinement strict. Premier frisson de liberté. Puis découvrir le Duomo au détour d’un virage, revoir les collines d’en face (Fiesole) et arriver sur le viale Galileo. Frémir de plaisir en entendant la circulation. Oh un klaxon ! En arrivant au Piazzale, une dizaine de personnes pas plus (nous avons décidé de faire une balade la nuit, en partant vers 20h de chez nous). Les derniers rayons du soleil s’effacent derrière l’horizon. Il ne nous reste plus qu’à observer dans le silence l’enfilade des ponts illuminés et tous nos monuments adorés.

Ce weekend, nous avons décidé de descendre dans le centre historique en scooter après dîner. Très peu de monde. Nous avons ouvert grand les yeux devant le Duomo, Orsan Michele, la place de la Seigneurie, les Offices, Santa Croce, le Bargello … Florence by night et seuls comme nous n’aurons probablement plus l’occasion de la voir. J’ai vraiment eu la sensation de marcher dans un décor de cinéma et de découvrir la vraie proportion de la ville … j’imagine cet effet à Venise ou Rome, cela doit être grandiose.

Le quotidien en semaine est étrange. Nous avons trouvé une babysitter qui vient le matin pour nous soulager un peu côté boulot. Mais de mon côté, le cœur n’y est pas. Je repense aux petits-déjeuners plus lents de confinement, à la balade dans le jardin pour voir s’il y a de nouvelles fleurs qui poussent, j’ai le cœur qui se sert quand j’entends les enfants rire dans la maison et que je suis « au bureau ». D’un côté j’ai une grande chance, j’ai vécu ces 2 mois en totale conscience d’être dans une bulle enchantée. De nouveau, j’ai la conscience que tout cela se termine et qu’il faut avancer.

 

Et puis je suis très mauvaise dans la gestion des changements quand cela touche la sphère personnelle. J’ai besoin de temps (ça ça rend dingo tendre époux !). J’ai eu du mal à trouver un rythme de confinement et là de nouveau, je dois changer. Travailler le matin plus que l’après-midi. Je me surprends à rêver d’être les pieds dans l’herbe, à profiter pour de vrai de mon cadre de vie.

Alors ce weekend, je peux vous dire que je me suis roulée dans le bonheur à chaque instant pour rattraper la semaine. Un café en regardant la vue, un peu de dessin au pastel sur ma terrasse, du yoga en fixant les arbres, de la lecture en culotte dans l’herbe, prendre le temps de cuisiner, profiter des nouveaux recoins que j’ai découvert en confinement. Je n’avais pas envie de regarder ma maison comme à travers le filtre d’une photo Instagram mais de vivre vraiment ce décor dans lequel j’ai la chance de vivre. Et puis il y a une forte envie de douceur et de ralenti, je crois expérimenter pour la première fois le Dolce Far Niente, la douceur de ne rien faire. On a beau en parler, l’ériger en slogan marketing ou sur des tee-shirts, je ne l’ai jamais aussi bien ressenti, vécu à l’intérieur de moi-même.

 

Cette semaine, pas de live, car j’ai besoin de reprendre ma respiration (on en aura fait 25 !), j’ai aussi envie de me concentrer sur un événement qui vous inclut beaucoup plus dans l’échange (Italian Joie de Vivre! Première rencontre virtuelle ce weekend le 16 MAI). Et, peut-être plus facilement que d’habitude, je vais me faire confiance, laisser les choses arriver plutôt que de les provoquer.  Il est temps d’arrêter de poster des stories dans le dossier « quarantaine » à la Une. Il n’y a pas non plus d’urgence à définir ce qui va se passer par la suite, à mettre un mot, un sens, sur tout cela. 

 

Vivons, voilà tout et profitons autant que possible de cette merveilleuse aventure. 

 

Baci,

Alice

 

PS : je vous invite à écouter ICI le podcast de la philosophe Marie Robert sur « Le sens » qui m’a aidée à mettre mes propres mots sur ce que je vis.

Par Ali

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