Dolce Vita

DOLCE VITA, travailler en Italie

Diplômée en communication et formée en agence de publicité, le quotidien il y a 5 ans à Paris ressemblait plus à un camp de prisonnier japonais qu’à une époque d’épanouissement personnel. J’ai été formée « à la dur », gros horaires, clients gentiment hystériques, patron stressant, ambiance faussement cool.

D’une nature extrêmement sérieuse et responsable (on frôlait le chiant à la fac tant j’étais incapable de sécher les cours, là où mes copines Laurence et Olivia s’en donnaient à cœur joie) ; cela ne s’est jamais arrangé dans le contexte professionnel. 4 années complètes en Italie et 2 expériences professionnelles plus tard, je dois dire que les choses ont bien changé et ce n’est pas faute d’avoir voulu imposer à mes collègues italiens MA manière tout à fait personnelle et française d’envisager le travail.

 

Ma façon de faire

  • Dragon tyrannique, j’étais assez froide avec mes troupes pour créer cette fameuse distance entre l’assistant marketing et son chef suprême (moi).
  • Aucune pause pendant 1 an, puisqu’on lançait une marque sur un nouveau marché et que cela justifiait mon manque de disponibilité.
  • 2 portes fermées entre la salle café et moi et un casque de DJ à la David Getta sur les oreilles ne suffisaient pas à couvrir les rires émanant de cette pièce, il me fallait donc aller grogner en direct.
  • Une manie de me coller des objectifs de dingue auxquels mon propre chef n’était pas si attaché.
  • La manie du retro-planning stratégique en 32 étapes hérité de Christophe, mon ancien chef vénéré et de sa Work List.
  • L’art du post-it sur le bureau aussi perfectionné qu’un concours d’Origami à Morioka.

 

Les indices qui m’ont fait comprendre que je n’étais pas sur la bonne route

  • Quelqu’un a collé sur ma porte une image du Mordor, cette zone qui représente les enfers dans le Seigneur des anneaux.
  • Mon boss passait devant mon bureau sur la pointe des pieds, en espérant que je ne l’interpelle pas. Une fois, il s’est même caché dans son placard quand j’étais à la porte de son bureau.
  • J’étais la personne qui reçevait le moins de post-it « fleur » pendant les rétrospectives du département marketing, geste venant d’un de vos collègues pour dire qu’il a aimé travailler avec vous.
  • Personne ne stresse à part moi.
  • La plupart des soirs, je ferme moi-même le bureau.

 

Devant l’inratable échec de mon adaptation italienne dans le milieu professionnel, j’ai fini la mort dans l’âme par me calmer, et apprendre à respecter (puis suivre) certaines règles afin de faciliter mon intégration.

 

Mes premiers enseignements

Leçon n°1 : l’italien a une vie personnelle.

L’italien travaille 8h par jour, puisqu’il est payé pour ce quota.

 

Leçon n°2 : l’italien sait ce qui est important pour lui.

Sauter la pause café de 10h et 16H est physiquement impossible. En période calme comme le jour du lancement stratégique de l’année, personne ne déroge à la règle.

NB : Si vous croisez un italien errant dans un couloir durant la matinée, l’œil hagard, c’est que la machine à café est cassée. Il lui sera extrêmement difficile de suivre un meeting dans ces conditions.

 

Leçon n°3 : une « pause déjeuner » est littéralement une pause = un arrêt, pour déjeuner= s’alimenter correctement. Il y a 4 options :

  1. Le restaurant suivi d’une passeggiata, entendez une balade bien souvent accompagnée d’une glace (vous rentrez au travail et avez donc l’impression d’avoir fait une pause d’une demi-journée)
  2. Le déjeuner au bureau.  NON NON NON !!! Ne vous méprenez pas, personne ne mange de mauvais restes de frigo au dessus de son ordi, ici la lunch box ferait pâlir n’importe lequel de vos diners mitonnés. En salle de réunion, on apporte un set de table, des vrais couverts, 3 tuperwares Ikea remplis de mets délicieux et on s’échange des recettes comme dans une émission de Marta Stewart.
  3. L’option sandwich existe mais elle est difficilement comparable au mauvais surimi-concombre-mayonnaise acheté à la boulangerie en face du bureau. Ici, un pakistanais surdoué du couteau vous customise un proscuitto crudo, mozarrella di buffala dans un panino chaud avec une sauce maison.
  4. Dernière option, le déjeuner à la maison. « Pardon ? » Me direz-vous… Car oui, j’aurais peut être dû commencer par ça, la pause déjeuner est imposée et dure 1h30.

 

Leçon n°4:  les collègues sont polis.

Buongiorno / Ciao a domani / Comme stai, tutto ok ? En Italie on se salue et personne ne trouve « cool » d’être la connasse du bureau, celle qui snobe et qui de manière générale est très bien habillée.

 

Leçon n°5 : on accueille chaleureusement les nouveaux.

Qui n’a pas vécu cette terrible situation dans le cadre d’une nouvelle aventure professionnelle : le déjeuner en solitaire, avec les pestes du bureau qui gloussent et partent sans se retourner en vous laissant seul au monde, la honte comme unique ami. Cette option n’existe pas dans les gènes italiens: on vous embarque, on vous présente, on se fait une obligation personnelle le fait que vous soyez à l’aise.

 

Voilà.

J’ai plié.

J’ai collé moi-même une photo de posture de Yoga sur ma porte pour montrer mon ambition. Entre le mordor et la salutation au soleil, j’ai de la marge, mais j’y travaille.

Ali

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Par Ali

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