Dolce Vita

DOLCE VITA, une famille bilingue

Qui aurait cru qu’un jour, je parlerais italien sans même réfléchir ? C’était pourtant très mal barré. Mon apprentissage de la langue a été une étape clé de mon intégration italienne et j’y ai dédié de manière assez intensive mes premiers mois à Florence. Il faut dire que j’avais « oublié » en arrivant qu’il me faudrait maitriser la langue pour pouvoir chercher du travail … OUPS. Léger détail donc, à régler fissa fissa !

Grammaire à gogo et stabilo

Alors comment j’ai fait pour apprendre l’italien en 4 mois ? J’ai attaqué par du très intensif avec 4h de grammaire tous les matins. Rappelons aux lecteurs qui arriveraient sur ce blog pour la première fois que je suis une dingue, extrêmement sérieuse et scolaire. La nana du lycée avec 10 codes couleur stabilo sur ses fiches C’EST MOI.

J’ai donc démarré mes cours à l’Institut Européen, puis dans un cours privé de la ville (Leonardo da Vinci, piazza della repubblica). Ce qui est sûr, c’est que travaillant dans le secteur de la communication, j’allais devoir parler ET écrire très bien en italien. PRESSION MAXIMALE.

Journal de Mickey

En parallèle des cours, je lisais des magazines pour améliorer mon vocabulaire. Enfin par « des magazines » j’entends le journal de mickey en italien, aka Topolino pour les 3-7 ans. Mickey et ses potes m’ont sauvé la vie : des actions simples, une intrigue somme toute limitée, Mickey était le parfait compagnon de lecture. Et bien sûr, en bonne psychopathe,  je faisais des fiches de vocabulaire sur Mickey ainsi que sur tous les thèmes de mon quotidien. Dès que je bloquais au supermarché, je faisais une fiche, problème pour acheter un pull, une fiche, complication pour prendre un billet au musée, une fiche … j’apprenais les mots au fur et à mesure qu’ils me servaient, et je pouvais mettre en pratique très rapidement. PAS MAL.

Connaitre ses verbes irréguliers, c’est sympa, mais savoir aligner deux mots en conversation, c’est mieux ! C’est comme ça que j’ai rencontré ma copine Isabella, italienne qui voulait apprendre le français. Avec Isa, on s’est tout de suite comprises. Pendant deux heures une fois par semaine, on descendait des litres de bière en révisant notre subjonctif. Plus on descendait rapidement nos pintes, plus on se lançait dans des conversations élaborées. Je me sentais être un véritable genie de la langue de Dante après 2 litres.

Côté accent par contre, c’était vraiment la cata. J’ai fait un Erasmus à Madrid et quand je suis arrivée en Italie, cela m’a plus handicapée qu’autre chose. Pendant presque 2 ans, on a cru que j’étais espagnole avant d’être française. Je devais rouler les Rrrr d’une façon bizarre…

Une fois la confiance dans la langue acquise grâce aux échanges, je me suis lancée dans les entretiens d’embauche. Je me préparais en mode « Le diable s’habille en Prada », la warrior, et je balançais mon speech de présentation de ma petite personne, que je connaissais par coeur. Pour les questions-réponses qui arrivaient juste après, c’était une autre affaire … Mais la bonne nouvelle, c’est qu’en Italie on vous félicite dès que vous savez aligner 3 mots « Ma lo parli molto bene l’Italiano » (mais tu parles très bien italien) « ma sei in Italia da solamente 4 mesi ? »(mais tu es arrivée il y a seulement 4 mois?) « Bravissimaaaaaaaaa » (trop foooooorte). BOOST DE CONFIANCE.

Et puis il y a eu THE entretien.

Celui où le patron a tout expliqué en italien, où je n’ai rien compris à la mission mais j’ai acquiescé d’un air grave et professionnel. SI SI CERTO, HO CAPITO (oui oui bien sûr, j’ai compris). Et heureusement qu’il m’a embauché celui là car il m’a mis le pied à l’étrier pour toute la partie web de ma carrière, et a accessoirement changé ma vie puisqu’il m’a épousée 4 ans après.

Commencer à travailler en Italie fut absolument atroce. OUI, les italiens parlent non-stop et très fort. Je carburais à 3 Nurofen par jour tellement j’avais la tête farcie. Le soir ? Une loque ! Puis petit à petit les choses se sont apaisées, je devenais plus fluide (merci les pauses café avec les collègues italiens trop sympas!) et puis moi aussi,  je me suis mise à parler non-stop et très fort. Quand je suis en France, ma soeur et ma meilleure amie trouvent que je hurle…elles sont traumatisées !

Alors, je ne me considère pas comme un boulet des langues, je parle correctement anglais, mais il y en a certains pour qui c’est vraiment inné. PAS MON CAS. Qu’est ce que c’est énervant ! J’ai vu mon collègue français Edouard apprendre l’italien en un mois chrono après son arrivée à Florence, et tenter des envolées lyriques côté accent au bout de 2 semaines en commandant sa salade de chèvre. Le mec n’avait peur de rien. Et ça marche… se lancer, y aller. Il est comme ça Edouard, il fonce.

Alors bien sûr, apprendre une nouvelle langue en vivant dans le pays est la manière la plus efficace. Mais si vous êtes en France, je suis sûre qu’il y a un italien qui traine dans votre ville (voir les universités, les programmes d’échange, d’accueil) et qui serait bien content d’aller boire du rosé en terrasse avec un français. Mes parents ont fait ça avec une étudiante anglaise quand nous étions petites ma soeur et moi, et nous sommes toujours en contact 30 ans après. C’est chouette !

Est-ce que je progresse encore maintenant, 8 ans après mon arrivée ?

J’ai la sensation d’avoir appris la langue par palier, je gagnais des points à des moments clé, comme dans Super Mario. Bien évidemment, être en couple avec un italien a été un palier clé, surtout qu’au début Andrea ne parlait pas du tout français. Je tiens quand même à préciser qu’il a passé 2 ans à Paris, mais n’a pas été foutu d’apprendre la langue. La faute parait-il, je cite monsieur, aux français désagréables qui refusaient de faire copain-copain. Nous ? les Français ? DESAGREABLES ? Je pense que le problème vient de lui et qu’il refuse de se l’avouer. bref.

Son apprentissage, il l’a fait avec moi et je suis une tortionnaire (#sorrynotsorry). Mais en même temps je suis persuadée qu’il a appris très vite parce que je ne lui ai pas fait de cadeau. Je ne parlais pas au ralenti en le regardant bien en face, je n’utilisais pas des verbes simples pour lui mâcher le travail : je lui balançais à toute vitesse ce que j’avais envie de lui dire. Pauvre chat ! En même temps 6 ans après, il fait des jeux de mot (lamentables) en français, peut parler avec n’importe qui de n’importe quoi. MON OEUVRE. MA FIERTE. Bilingue 1000%. Quand il fait passer un entretien pour sa boite où le candidat a écrit « français notion » sur le CV, il s’éclate à piéger la personne ! À la maison maintenant, on parle autant français qu’italien, on saute d’une langue à l’autre sans s’en rendre compte. Sauf en cas de fatigue … là c’est l’incompréhension totale. il me fait répéter 100 fois. Moi aussi. On s’énerve à tous les coups. Enfin moi.

Et puis, il y a eu les enfants.

Dans les familles qui carburent à deux langues, il faut un parent référent par langue (m-a-t-on dit!). Naturellement je ne parle que français aux enfants, Andrea qu’italien. Mais ça, je vous le dis, c’est vraiment sur le papier. Car il est exténuant de répondre en français à quelqu’un qui vous parle italien. J’ai fait de mon mieux avec Leone. Le petit bonhomme a commencé à parler vers 2 ans et demi et uniquement italien vu qu’il vit dans un contexte où c’est sa première langue (crèche, grand-mère, …). J’avais très peur qu’il comprenne le français mais refuse par flemme de me répondre. Et puis il y a eu un matin cet été, après 10 jours passés avec ses cousins d’amour français, où il parlait français. BAM. C’ETAIT REGLE. Il avait débloqué le système, et avec, 300 mots de vocabulaire qu’il avait rangé quelque part dans sa tête. Absolument magique… Si vous êtes dans le même cas que moi, je vous conseille vraiment d’être patient et de laisser l’enfant faire les choses à son rythme. Si il se braque sur une langue car il se sent forcé, à mon avis c’est vraiment difficile à débloquer par la suite.

Aujourd’hui, Leone est à l’école Française, et après seulement quelques semaines, les progrès sont titanesques autant sur le vocabulaire que sur l’accent. Je trouve qu’il parle d’ailleurs avec un petit accent parisien… C’est son père qui va être content.  Bianca 18 mois, devrait être plus rapide. Elle commence déjà à baraguouiner des mots dont « Aussure » pour chaussure et « Ausson » pour chausson. Une petite psychopathe comme sa mère. CA PROMET.

Et vous ? Un apprentissage compliqué de deuxième langue ? Un conjoint étranger ? Des enfants fluent en 4 langues ? Je veux tout savoir !

Baci,

Ali

Par Ali

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