Interview

INTERVIEW, Emiko Davies auteure culinaire de Florentine et Acquacotta

J’avais vu passer sur Instagram son sublime livre de cuisine « Florentine, the true cuisine of Florence ». La qualité de l’objet m’avait vraiment interpellée. Recettes toscanes que j’adore, photos de Florence en noir et blanc donnant du relief aux plats superbement présentés dans une vaisselle vintage … il n’en fallait pas plus pour me donner envie de rencontrer l’auteure culinaire Emiko Davies. Voilà la synthèse de nos échanges dans sa cuisine de Settignano sur les hauteurs de Florence, devant une tarte aux pommes sortant du four et un cafe Mokka.emiko-davies-ali-di-firenze

Bonjour Emiko ! Merci de me recevoir pour parler de ton livre sorti en mars Florentine et du prochain qui sort en 2017, Acquacotta ! Racontes nous tout d’abord comment tu as atterri à Florence.

C’est amusant car aujourd’hui jour pour jour, cela fait 15 ans que je suis tombée amoureuse de Florence. Venue pour un échange de 3 mois à l’institut d’art Il Bisonte à san Niccolò, j’étais à l’époque basée aux États Unis pour mes études d’art. L’automne est du coup restée ma saison préférée car Florence se vide et l’on apprécie pleinement le charme de la vie ici. J’avais la chance de vivre à Santa Croce, d’aller étudier à san Niccolò bref dans des quartiers très typiques. Chaque week-end mes colocataires et moi partions à la découverte de Lucas, Pise, les jardins de Boboli. Après ces 3 mois italiens, Florence est un peu devenu une obsession et de retour en Australie (dont elle est originaire) j’ai commencé à travailler dans une galerie d art. Je n’avais pourtant qu’une envie : retourner en Toscane. J’ai posé ma candidature pour une bourse d’étude et j’ai été prise : 3 mois de nouveau dans l’école de restauration d’art du Palazzo Spinelli. La fois d’après je suis revenue pour faire une école de photographie car c’était vraiment une passion… et j’ai rencontré Marco mon futur mari.

 

C’était fichu tu devais rester à Florence !
Oui ! Mais j’ai apprécié le fait d’être tombée amoureuse de la ville avant de rencontrer Marco, d’avoir déjà trouvé mon style de vie ici. J’ai grandit dans un milieu d expatriés (Elle a vécu en Chine) et j’étais très à l’aise dans ma communauté d’expats à Florence, une vraie famille qui sont toujours mes meilleurs amis aujourd’hui.emiko-davies-ali-di-firenze-9

Quand as-tu commencé à travailler ici ?
Un an après avoir fini ma formation, j’étais professeur à l’école de photographie et j’ai également collaboré avec Fratelli Alinari l’institut le plus ancien du monde pour la photo qui est basé à Florence. Je gagnais trop mal ma vie … du coup j’ai tout lâché pour travailler dans une agence de voyage. Ca payait bien mais quel ennui !

Quand as-tu démarré le blog ?
Justement à l époque de l’agence de voyage. J’ai toujours été très créative. Art, photo,… et cela me manquait cruellement. Du coup, j’avais acheté mon nom de domaine sans trop savoir quoi en faire. Je pensais d’abord à une sorte de portfolio en ligne pour les photos, un site professionnel pour montrer mon travail. Mais je regardais beaucoup ce qui se faisait à l époque et l’explosion des blogs (on est en 2010) j’ai donc pensé « un format blog, why not ? » Un mélange de mes photos de Florence et de recettes de cuisine, mon autre grande passion.

Te rappelles-tu de ton premier post ?
Il s’agissait d’une ferme à fromage à Pienza, un mélange d’histoire italienne et de cuisine. Je me rappelle qu’à l’époque je passais ma journée a l’agence à méditer où nous allions partir le week-end en vadrouille avec Marco !

À partir du blog, ta carrière à pris un tout autres tournant.
Oui, pour moi et d’ailleurs pour Marco aussi. Il était en train de finir l’école de sommelier et en 2011 a eu l’opportunité d’ouvrir un bar à vin à Melbourne, Australie. Nous sommes donc partis là bas et j’avais l’idée d’écrire plus, de devenir une auteure culinaire. J’ai donc commencé plusieurs jobs de free-lance pour des journaux et des sites reconnus en Australie. Au delà des critiques gastronomiques ou des guides, je publiais aussi mes premières recettes (sur Food52, une communauté de food lovers américaine pour laquelle elle écrit encore).

C’est à ce moment là que l’opportunité du livre s’est présentée ?
Oui. J’avais eu ma fille (l’adorable Mariù qui fera plusieurs apparitions pendant l’interview) et nous avons déménagé à Canberra, plus proche de mes parents. Un jour je reçois un mail d’un éditeur qui me parle de mon blog et me propose un livre …

Un rêve qui se réalise pour toi ?
Complètement ! Même si cela n’a pas été facile sur le démarrage car la maison d’édition Hardie Grant était basée à Londres et pensait que je vivais toujours en Italie car mes recettes et mon contenu étaient restés 100% d’inspiration italienne. Ils avaient une autre branche de la maison d’édition en Australie, ce qui semblait plus logique. Or les deux structures fonctionnaient comme deux entités séparées et je devais donc totalement pitcher pour vendre mon livre et mon concept !!! Et cela même si c’était eux qui étaient venus me chercher à la base.emiko-davies-ali-di-firenze-3

La panique … l’avais-tu déjà fait avant ?
Non pas du tout ! Heureusement que l’éditrice de Londres a été adorable et m’a guidée. J’ai envoyé les chapitres, l’introduction, une synthèse du concept et des photos. Ils m’ont répondu YES et on a conservé l’intro comme les chapitres !

Qu’est ce qui est unique dans ton livre ?
Il n’existait pas vraiment de livre de recettes  focalisé sur Florence et écrit en anglais. Le mélange de moments Florentins en photos et de cuisine en fait un objet particulier très authentique et immersif. Et puis la team qui a réalisé le livre a été incroyable !

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Vous avez shooté toutes les recettes ?
On a dû photographier les plats en 5 jours soit à peu près 10 recettes par jour dans un studio de Melbourne. Du délire !!!! J’étais aux fourneaux assistée de Marco et d’une autre personne. Il y avait une photographe géniale et une food Stylist.

Peux-tu expliquer la nécessité du food Stylist ?
Avec un livre de recettes, tout est une question de présentation pour magnifier les plats, les ingrédients. Le travail de Deb Kaloper était de rendre la photo belle en restant très naturel.

On sent un grand professionnalisme dans le livre comme le plan de lancement.
Oui, la mise en page, la couverture , le format imposant, tout est très soigné et côté PR l’Australie et surtout l’antenne anglaise ont fait un formidable travail. C’est une maison d’édition qui a la réputation de faire de très beaux livres sur la cuisine, le voyage, la culture et a de nombreux contacts. J’ai pu faire des interviews radio, séance de dédicace, cooking class, …

Comment est arrivé le deuxième livre ?
Une toute autre aventure qui s’est pourtant faite en parallèle du premier livre. J’ai moi même proposé ce deuxième opus car nous étions rentrés en Italie avec Marco et vivions à Porto Ercole au Monte Argentario. Marco travaillait à l hôtel Il Pellicano, un refuge très chic sur la presqu’île. Cette zone inconnue de l’Italie s’appelle la Maremme, c’est la pointe sud de la Toscane avant la région du Lazio (Rome). J’ai proposé un livre dédié à la côte d’argent et complètement focalisé sur les recettes de la mer. Il a été refusé !

Ah mince !
La maison d’édition et la team commerciale ont adoré l’idée de la zone secrète mais il voulait mixer la typologie de recettes. On s’est finalement accordé avec le temps sur un livre qui mélangerait les différents climats de la zone : champignons et sangliers des montagnes, recette de la mer des villages de pêcheur. Je couvre une très petite zone avec ce livre (Argentario, Gillio, Capalbio, Pittigliano, Saturnia) c’est très confidentiel et pointu mais la variété des recettes parlera à un grand nombre.

On y retrouve de nouveau tes sublimes photos !
J’avais évidemment pris déjà beaucoup de photos en pellicule et digital mais j’ai dû compléter certaines thématiques. J’ai même convaincu la team (la photographe Lauren Bamford et la food Stylist Deb Kaloper) de venir shooter en Maremme les plats avec la lumière naturelle (alors que tout avait été shooté en studio à Melbourne pour le livre 1). La simplicité des situations et la beauté de la nature suffisent à faire de très très belles photos et nous avons respecté la demande de la maison d’édition concernant l’ambiance à savoir des photos qui sentent bon l’été et le soleil.

Vous avez shooté dans toute la Maremme ?
Non non. Nous avions loué des chambres dans un B&B Il Baciarono où nous avons également loger nos familles. Le lieu à un charme fou et nous avons utilisé ce sitting très naturel et même leur vaisselle ! Un membre de la famille propriétaire est pêcheur et nous sommes allés sur son bateau le matin pour shooter les poissons. Impossible d’avoir ce résultat dans un studio à Melbourne !!

Peux-tu nous expliquer le nom du livre, Acquacotta ?
C’est un plat ultra traditionnel de cette région, une sorte de soupe et on trouve plein de déclinaisons différentes. J’en présente par exemple trois dans le livre.

Qu’as-tu préféré dans la réalisation de ce deuxième livre ?
Je dirais la phase de recherche pour collecter les adresses. Contrairement à « Florentine » qui profitait de mes nombreuses années à Florence, « Acquacotta » concernait une très petite zone avec une gastronomie particulière mais où je n’avais pas vécu longtemps. J’ai donc énormément discuté avec les locaux, le poissonnier comme sa nonna et j’ai même profité d’Instagram pour me faire aider…

C’est à dire ?
Il y a une vraie communauté qui est née dans cette zone et qui est dispatchée dans toute l’Italie. Elle me donnait des idées, m’envoyait même des photos de recettes de famille. Les gens ont été très généreux en partageant leur secret de cuisiniers et les recettes d’antan.

Tes projets futurs ?
Bien gèrer toute la promotion du deuxième livre l’année prochaine, continuer à raconter des histoires, mieux m’organiser pour l’écriture et la production du prochain livre car chaque recette doit être testée au moins 3 fois (certaines 20!!). Les deux dernières années ont été folles !

Merci Emiko !

Le blog d’Emiko ICI

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Par Ali

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